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mâle |
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femelle |
Connaissez-vous cet animal si singulier ? Non, ce n'est pas une langouste, mais un squille ou crevette mantis appelé Varo en Polynésie. Ce crustacé étonnant, mesurant entre 20 et 30 cm, ressemble à une grande crevette, mais ses pattes avant repliées évoquent celles d'une mante religieuse. Ne vous fiez pas à son apparence : ses pattes, affûtées comme des rasoirs, peuvent se projeter sur ses proies à une vitesse impressionnante de 80 km/h, soit plus vite qu'une balle de calibre 22 !
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ça coupe comme des rasoirs ! |
La pêche du Varo est donc un art périlleux, qui exige patience et savoir-faire. Elle se pratique à pied ou en apnée, généralement dans des zones peu profondes. On utilise un hameçon spécial que l'on glisse délicatement dans le trou du Varo. Ce qui est fascinant, c’est que ces squilles vivent en couple : un mâle et une femelle partagent le même abri. Si l’un mord à l’hameçon, il y a de grandes chances que le second suive, rendant la pêche doublement satisfaisante.
Terai, un habitant de l’île, a généreusement pêché des Varos spécialement pour nous afin que je puisse découvrir cette spécialité locale. Il nous a apporté sa pêche directement à bord et a pris le temps de nous les préparer. Mais là, surprise : impossible de trouver une recette du Varo sur Marmiton ! Heureusement, Terai nous a rassurés en expliquant que la préparation est simple.
La recette : il suffit de faire revenir les Varos dans du beurre, sans artifice. Et là… quelle révélation ! Leur chair, d’une finesse extrême, est incroyablement savoureuse. Je n’aurais jamais cru dire cela, mais c’est encore meilleur que la langouste. Une véritable explosion de saveurs, avec une texture délicate qui fond en bouche.
Malheureusement, les Varos se font de plus en plus rares ici, en partie à cause de la surpêche. À Mopélia, une île isolée que nous ne visiterons probablement pas faute de connexion satellite pour la météo, ces crustacés abondent encore, tout comme les langoustes et les crabes des cocotiers. L’absence d’habitants pour les chasser a permis à ces espèces de prospérer.
Pour moi, le Varo est bien plus qu’une découverte gastronomique : c’est un symbole de la richesse de la Polynésie, mais aussi un rappel de l’équilibre fragile entre l’homme et la nature.
Un déjeuner en famille chez Terai et Rava : immersion dans la culture polynésienne
Nous avons eu la chance d’être invités à déjeuner chez Terai et sa femme Rava, un moment chaleureux et authentique. À table, l’ambiance était conviviale, et les plats locaux, préparés avec soin, étaient délicieux. Toari, le frère de Terai, que Christophe connaissait également, est passé pour le saluer. Les retrouvailles étaient pleines de rires et d’échanges animés.
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leur maison avec leurs tombes dont celle de leur enfants mort-né |
Une des choses que j'ai remarquée est leur sens aigu de la famille élargie, une valeur essentielle en Polynésie. Terai et Rava élèvent le fils de la nièce de Rava, qui travaille à Bora et ne peut malheureusement pas s’occuper de son bébé. Ce n’est pas leur première expérience : ils ont déjà élevé deux autres enfants, en plus des leurs. Ce dévouement familial est une pratique assez courante ici, où la solidarité entre membres de la famille élargie fait partie intégrante de la culture.
Pendant ce déjeuner, j’ai eu le plaisir de jouer un peu les nounous, m’occupant du petit avec bonheur. Ces moments simples, partagés autour d’un repas et de rires d’enfants, offrent une véritable immersion dans l’âme de la Polynésie.
Une matinée magique entre bal de raies manta et dégustation de bénitiers.
Ce matin-là, à l’aube, Terai est parti aider sa mère sur le motu pour cueillir des fleurs de Tiaré. Ces fleurs emblématiques de la Polynésie, délicates et parfumées, sont récoltées encore en boutons, à la fraîcheur du petit matin. Elles sont ensuite emballées très serrées pour empêcher leur éclosion prématurée, avant d’être exportées vers Tahiti, où elles seront transformées en couronnes ou colliers. J'adore l'odeur envoûtante des Tiarés.
Vers 8 heures, Terai est passé nous chercher au bateau pour une expédition mémorable. Nous avons longé un banc de sable scintillant en direction du fameux spot de nettoyage des raies manta. Le lagon était calme, et le soleil commençait à réchauffer l’air. En chemin, nous avons aperçu, juste en bordure du tombant, quatre majestueuses raies manta glissant avec élégance sous la surface.
"Tu veux y aller ?" m’a demandé Terai avec un sourire complice. Il ne m’a fallu que quelques secondes pour me jeter à l’eau, l’excitation prenant le dessus sur tout le reste. L’eau était un peu trouble, mais quelle surprise de voir surgir une raie manta nageant droit sur moi, sa large bouche ouverte comme pour m’inviter dans son royaume ! J’ai à peine eu le temps d’allumer ma caméra pour immortaliser ce moment unique.
Ces géants des mers, avec leurs ailes gracieuses, semblaient danser dans l’eau. Elles nageaient près de la surface, offrant un véritable ballet aquatique. J’étais émerveillée, suspendue dans le temps, (et à ma GoPro ! ) observant ces créatures impressionnantes qui semblaient évoluer sans effort dans leur élément naturel.
Les raies manta se nourrissent principalement de plancton et de petits organismes marins. Elles nagent souvent dans des zones riches en plancton, comme les courants ou près de la surface.
Sur le spot de nettoyage, une raie manta plus petite était entourée de petits poissons qui la débarrassaient de ses parasites. Elle se trouvait un peu en profondeur, mais nous avons pu l’observer tranquillement, fascinés par ce rituel symbiotique.
Pourquoi tournent elles sur elles même comme cela? Soit dans un contexte social, par exemple pour impressionner un partenaire potentiel lors de la reproduction ou pour interagir avec d'autres raies ou bien lorsqu'elles trouvent une concentration importante de nourriture, elles effectuent ces rotations sur elles-mêmes pour créer un tourbillon qui regroupe le plancton, facilitant leur capture. Ce comportement est parfois appelé "alimentation cyclonique".
Après notre incroyable rencontre avec les raies manta, nous avons poursuivi notre journée en partant à la pêche aux bénitiers. Contrairement aux huîtres que l'on trouve ailleurs, les Polynésiens disposent de ce coquillage emblématique, dont les couleurs et les motifs sont fascinants.
Autrefois, les bénitiers étaient récoltés en grande quantité pour leur chair savoureuse. Les pêcheurs ramenaient les coquillages entiers à terre et les faisaient bouillir dans de grandes marmites. Cette méthode, bien qu’efficace pour détacher la chair, avait un impact considérable sur la reproduction de l’espèce : les œufs présents dans les coquillages étaient perdus, ce qui diminuait les chances de renouvellement naturel.
Heureusement, la pratique a évolué et le maire à donné des consignes. Désormais, il est interdit de ramener les bénitiers à terre pour les préparer. Les pêcheurs doivent les ouvrir sur place, directement dans l’eau. Cette méthode permet aux œufs, s’il y en a, d’être libérés dans leur environnement naturel, favorisant ainsi la pérennité de l’espèce.
Au-delà de la pêche, ce changement est un bel exemple de gestion durable des ressources locales, une approche essentielle dans un écosystème aussi fragile que celui de la PoPolynésie.
Nous avons terminé par un petit snorkeling. C'est sur ce spot que se retrouvent les touristes et les poissons les attendent de pied ferme , enfin façon de parler ! plutot de bec ferme pour me mordiller les doigts ! ces petits poissons multicolores étaient très friands de bénitiers. Par contre il n'était pas question de laisser mes doigts trainer pres de la murene jaune.
comment as tu pu attirer autant de poissons autour de toi? JL
RépondreSupprimerC est mon aura aquatique 🤣
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