Translate

25 décembre 2024

Faire ses courses à Maupiti : une aventure quotidienne



A Maupiti, pas de supermarchés comme on les connaît, mais plutôt une myriade de petits magasins où tout se fait… derrière un comptoir !


 Ici, il ne suffit pas de flâner dans les rayons pour repérer ce dont on a besoin. Non, il faut savoir précisément quoi demander, ce qui peut s’avérer compliqué quand on ignore ce qui est disponible. 
Dans certains de ces magasins, on trouve de la bière, mais pas partout. Quant à celui qui vend les yaourts de Tahiti, il est à 3 kilomètres de là où nous laissons l'annexe. 
 Le bateau de fret, véritable cordon ombilical de l’île, ne fait escale qu’une fois par mois. Le jour de son arrivée, les magasins ferment pour aller récupérer leur marchandise. Toute l’île se regroupe sur le port, attendant patiemment l’ouverture des conteneurs. Chacun se voit attribuer un numéro et passe son tour en fonction de celui-ci. Cette fois-ci, il y a pénurie de bœuf : le bateau venant de Nouvelle-Zélande est arrivé trop tard pour attraper le départ du cargo vers Maupiti. Résultat : pas de viande rouge avant le mois prochain ! 





 Pour les légumes, c’est une autre organisation. Le Maupiti Express, un bateau de transport de passagers plus régulier, vient trois fois par semaine. Le mardi, une femme s’occupe de commander et revendre les légumes à ceux qui en ont besoin. Nous avons appris ce bon plan et sommes arrivés une heure et demie avant l’arrivée du bateau pour passer notre commande. Pas de tomates ni de poivrons ce jour-là, mais nous avons tout de même pu réserver de la salade, de la pota et des ananas. En observant les autres, nous avons compris qu’il fallait payer à l’avance pour garantir que nos légumes ne seraient pas donnés à une autre personne si les stocks venaient à manquer.


le Maupiti express

 Il y a également une dame qui vend sa production locale deus fois par semaine – aubergines, concombres, et parfois même des tomates – près de notre débarcadère. Le seul problème : il faut être sur place à 8 heures précises, car tout disparaît très vite. L’autre jour, elle a eu la gentillesse de nous mettre quelques tomates de côté. Une vraie perle ! 
Pour les fruits , c'est plus facile. On nous en donne ou parfois on nous en propose à la vente.
 Quant au pain, c’est une mission à part entière. Le plus ancien magasin de l’île, qui fait aussi quincaillerie, est le seul à en vendre, mais uniquement sur commande et sans mentionner leur horaires d'ouverture très fantaisies( parfois ils ferment à 9 h, d'autre midi, mais ne sont jamais ouverts l'après midi.  Le samedi ils ouvrent à 6h pour fermer à 7h30 !). Autant dire qu’il vaut mieux anticiper… 
Par chance, un jour, nous avons déniché un gros filet de thon à la station-service ! 
 Toutes ces petites missions nous occupent et nous obligent à marcher de nombreux kilomètres chaque jour. Mais c’est aussi ça, la vie à Maupiti : une aventure au quotidien, où la patience, la débrouille et la convivialité des habitants rendent l’expérience unique et authentique. 



24 décembre 2024

Maupiti : à l'assaut du sommet

 

Depuis notre arrivée, je regardais ce sommet avec envie. Il me fascinait, et j’avais hâte de l’escalader pour découvrir la vue qu’il offre sur toute l’île. Toutefois, les fortes pluies des jours précédents rendaient le sentier trop dangereux. Nous avons donc patienté, sachant que cette aventure méritait des conditions plus sûres.


Le dimanche matin, plutôt que d’aller à la messe, nous avons décidé que c’était le moment. Sur mon application Wikiloc, plusieurs itinéraires s’offraient à nous. J’étais tentée par la fameuse traversière, mais Christophe, toujours prudent, m’a déconseillé ce chemin jugé dangereux et peu fréquenté. Nous avons opté pour la montée la plus raide mais bien balisée, équipée de cordes pour les passages difficiles et un retour par le chemin de crêtes 






Arrivés au sommet, nous avons été récompensés par une vue absolument grandiose. Culminant à 372 mètres, le mont Teurafaatiu est le point le plus élevé de l’île, et la perspective qu’il offre sur les lagons turquoises et les motus est à couper le souffle. Nous avons pris le temps de profiter de ce spectacle, explorant les différents promontoires, jusqu’à ce qu’une averse tropicale nous pousse à chercher un abri sommaire sous les arbres.

notre mouillage









la piste d'atterissage en partie construite sur le lagon

la fausse passe qui ne permet pas le passage des bateaux


au centre le banc de sable où nous avons été nous balader




Heureusement, nous étions partis tôt, à 7 heures du matin. Cela nous a permis de contempler la vue par un ciel encore dégagé, avant que la météo ne se gâte. Et quelle surprise en haut ! Le monde est vraiment petit : j’ai croisé une fille que j’avais rencontrée quelques semaines plus tôt sur la plage d’Hana Iti à Huahine.


La descente, en revanche, fut une tout autre histoire. La pluie avait rendu le sentier glissant et difficile. Christophe en a bavé, il avait pourtant des sandales de rando et pas ses savattes habituelles 🤪. Nous avions prévu de redescendre par le chemin des crêtes pour arriver à l'est mais finalement, nous nous sommes retrouvés… sur la traversière ! à l'ouest de l'ile ! Non, ce n’est pas un acte manqué de ma part, promis ! C'est Christophe, qui ouvrait la marche !  Petite frustration technique : je n’avais pas de 4G et n’ai pas pu suivre notre progression sur l’appli. Cela explique en partie pourquoi nous nous sommes égarés.


Ce détour nous a obligés à marcher environ 4 kilomètres sur la route pour retrouver notre annexe. Chaque pas nous rapprochait de la récompense tant attendue : une bonne bière bien fraîche sur le bateau et un bain rafraîchissant dans le lagon.

Nous étions de retour vers 13h ce qui fait une belle matinée sportive comme je les aime.

Au final, cette journée restera un moment inoubliable, riche en émotions et en paysages à couper le souffle.

23 décembre 2024

Maupiti, la vie locale

 

 mâle 

femelle

Connaissez-vous cet animal si singulier ? Non, ce n'est pas une langouste, mais un squille ou crevette mantis appelé Varo en Polynésie. Ce crustacé étonnant, mesurant entre 20 et 30 cm, ressemble à une grande crevette, mais ses pattes avant repliées évoquent celles d'une mante religieuse. Ne vous fiez pas à son apparence : ses pattes, affûtées comme des rasoirs, peuvent se projeter sur ses proies à une vitesse impressionnante de 80 km/h, soit plus vite qu'une balle de calibre 22 !


ça coupe comme des rasoirs !

La pêche du Varo est donc un art périlleux, qui exige patience et savoir-faire. Elle se pratique à pied ou en apnée, généralement dans des zones peu profondes. On utilise un hameçon spécial que l'on glisse délicatement dans le trou du Varo. Ce qui est fascinant, c’est que ces squilles vivent en couple : un mâle et une femelle partagent le même abri. Si l’un mord à l’hameçon, il y a de grandes chances que le second suive, rendant la pêche doublement satisfaisante.

Terai, un habitant de l’île, a généreusement pêché des Varos spécialement pour nous afin que je puisse découvrir cette spécialité locale. Il nous a apporté sa pêche directement à bord et a pris le temps de nous les préparer. Mais là, surprise : impossible de trouver une recette du Varo sur Marmiton ! Heureusement, Terai nous a rassurés en expliquant que la préparation est simple.



La recette : il suffit de faire revenir les Varos dans du beurre, sans artifice. Et là… quelle révélation ! Leur chair, d’une finesse extrême, est incroyablement savoureuse. Je n’aurais jamais cru dire cela, mais c’est encore meilleur que la langouste. Une véritable explosion de saveurs, avec une texture délicate qui fond en bouche.

Malheureusement, les Varos se font de plus en plus rares ici, en partie à cause de la surpêche. À Mopélia, une île isolée que nous ne visiterons probablement pas faute de connexion satellite pour la météo, ces crustacés abondent encore, tout comme les langoustes et les crabes des cocotiers. L’absence d’habitants pour les chasser a permis à ces espèces de prospérer.

Pour moi, le Varo est bien plus qu’une découverte gastronomique : c’est un symbole de la richesse de la Polynésie, mais aussi un rappel de l’équilibre fragile entre l’homme et la nature.

Un déjeuner en famille chez Terai et Rava : immersion dans la culture polynésienne

Nous avons eu la chance d’être invités à déjeuner chez Terai et sa femme Rava, un moment chaleureux et authentique. À table, l’ambiance était conviviale, et les plats locaux, préparés avec soin, étaient délicieux. Toari, le frère de Terai, que Christophe connaissait également, est passé pour le saluer. Les retrouvailles étaient pleines de rires et d’échanges animés.


leur maison avec leurs tombes dont celle de leur enfants mort-né 

Une des choses que j'ai remarquée est leur sens aigu de la famille élargie, une valeur essentielle en Polynésie. Terai et Rava élèvent le fils de la nièce de Rava, qui travaille à Bora et ne peut malheureusement pas s’occuper de son bébé. Ce n’est pas leur première expérience : ils ont déjà élevé deux autres enfants, en plus des leurs. Ce dévouement familial est une pratique assez courante ici, où la solidarité entre membres de la famille élargie fait partie intégrante de la culture.


Pendant ce déjeuner, j’ai eu le plaisir de jouer un peu les nounous, m’occupant du petit avec bonheur. Ces moments simples, partagés autour d’un repas et de rires d’enfants, offrent une véritable immersion dans l’âme de la Polynésie.

Une matinée magique entre bal de raies manta et dégustation de bénitiers.

Ce matin-là, à l’aube, Terai est parti aider sa mère sur le motu pour cueillir des fleurs de Tiaré. Ces fleurs emblématiques de la Polynésie, délicates et parfumées, sont récoltées encore en boutons, à la fraîcheur du petit matin. Elles sont ensuite emballées très serrées pour empêcher leur éclosion prématurée, avant d’être exportées vers Tahiti, où elles seront transformées en couronnes ou colliers. J'adore l'odeur envoûtante des Tiarés.


Vers 8 heures, Terai est passé nous chercher au bateau pour une expédition mémorable. Nous avons longé un banc de sable scintillant en direction du fameux spot de nettoyage des raies manta. Le lagon était calme, et le soleil commençait à réchauffer l’air. En chemin, nous avons aperçu, juste en bordure du tombant, quatre majestueuses raies manta glissant avec élégance sous la surface.


"Tu veux y aller ?" m’a demandé Terai avec un sourire complice. Il ne m’a fallu que quelques secondes pour me jeter à l’eau, l’excitation prenant le dessus sur tout le reste. L’eau était un peu trouble, mais quelle surprise de voir surgir une raie manta nageant droit sur moi, sa large bouche ouverte comme pour m’inviter dans son royaume ! J’ai à peine eu le temps d’allumer ma caméra pour immortaliser ce moment unique.


Ces géants des mers, avec leurs ailes gracieuses, semblaient danser dans l’eau. Elles nageaient près de la surface, offrant un véritable ballet aquatique. J’étais émerveillée, suspendue dans le temps, (et à ma GoPro ! ) observant ces créatures impressionnantes qui semblaient évoluer sans effort dans leur élément naturel.

Les raies manta se nourrissent principalement de plancton et de petits organismes marins. Elles nagent souvent dans des zones riches en plancton, comme les courants ou près de la surface.

Sur le spot de nettoyage, une raie manta plus petite était entourée de petits poissons qui la débarrassaient de ses parasites. Elle se trouvait un peu en profondeur, mais nous avons pu l’observer tranquillement, fascinés par ce rituel symbiotique.

Pourquoi tournent elles sur elles même comme cela? Soit dans un contexte social, par exemple pour impressionner un partenaire potentiel lors de la reproduction ou pour interagir avec d'autres raies ou bien lorsqu'elles trouvent une concentration importante de nourriture, elles effectuent ces rotations sur elles-mêmes pour créer un tourbillon qui regroupe le plancton, facilitant leur capture. Ce comportement est parfois appelé "alimentation cyclonique".

Après notre incroyable rencontre avec les raies manta, nous avons poursuivi notre journée en partant à la pêche aux bénitiers. Contrairement aux huîtres que l'on trouve ailleurs, les Polynésiens disposent de ce coquillage emblématique, dont les couleurs et les motifs sont fascinants.


Autrefois, les bénitiers étaient récoltés en grande quantité pour leur chair savoureuse. Les pêcheurs ramenaient les coquillages entiers à terre et les faisaient bouillir dans de grandes marmites. Cette méthode, bien qu’efficace pour détacher la chair, avait un impact considérable sur la reproduction de l’espèce : les œufs présents dans les coquillages étaient perdus, ce qui diminuait les chances de renouvellement naturel.

Heureusement, la pratique a évolué et le maire à donné des consignes. Désormais, il est interdit de ramener les bénitiers à terre pour les préparer. Les pêcheurs doivent les ouvrir sur place, directement dans l’eau. Cette méthode permet aux œufs, s’il y en a, d’être libérés dans leur environnement naturel, favorisant ainsi la pérennité de l’espèce.

Au-delà de la pêche, ce changement est un bel exemple de gestion durable des ressources locales, une approche essentielle dans un écosystème aussi fragile que celui de la PoPolynésie.

Nous avons terminé par un petit snorkeling. C'est sur ce spot que se retrouvent les touristes et les poissons les attendent de pied ferme , enfin façon de parler ! plutot de bec ferme pour me mordiller les doigts ! ces petits poissons multicolores étaient très friands de bénitiers. Par contre il n'était pas question de laisser mes doigts trainer pres de la murene jaune.







17 décembre 2024

Découverte de Maupiti

 Après trois jours de pluies pratiquement ininterrompues pendant lesquels nous sommes restés bloqués à l'intérieur du bateau, nous avons enfin pu partir à la decouverte de l'île.  J'allais quand même me baigner au réveil mais sans pouvoir nager loin à cause du vent et des vagues !

Maupiti est petite,(10 KM2) intime, et authentique. Christophe y connaît plusieurs personnes qu’il avait rencontrées à Mopélia il y a deux ans. À l’époque, il avait même ramené l’adjointe au maire à bord de son voilier. Il faut dire qu’il n’y a pas de liaisons commerciales entre Maupiti et Mopélia, ni en avion, ni en bateau. Les habitants doivent souvent compter sur les voiliers de passage pour faire le lien entre ces deux îles. En ce moment, il n'y a plus que 4 habitants !

Il n'y a qu'une seule passe et à l'opposé,  ce qu'ils appellent de fausses passes. L'aéroport est  en parti  construit sur la lagune





avec Terai 

L’accueil chaleureux des Maupitiens est inoubliable. A plusieurs reprises ils nous ont offert des melons, des mangues et des papayes, sans rien demander en retour. Même des gens que nous croisions pour la première fois, à qui nous avions simplement dit bonjour, nous donnaient des papayes avec un grand sourire. Cette générosité naturelle nous rappelle les Marquises et donne tout son charme à cette île.
Il n'y a pas de cimetières dans les îles sous le vent. Les morts sont entérés dans le jardin !






le petit port à coté du quai des gros navires

l'église protestante


maison de pays construite aux normes anti cyclonique et anti sismique

Lorsque le temps s’est enfin calmé, malgré quelques averses persistantes, nous avons entrepris le tour de l’île à pied avec Guy, un voileux que Christophe connaît. Guy vit pratiquement en permanence à Maupiti et connait beaucoup de monde avec qui il joue à la pétanque, activité très populaire en Polynésie. Le tour de l’île fait officiellement 8,4 km, mais avec nos détours, notamment vers la belle plage de Tereia, nous avons dû marcher une dizaine de kilomètres. La balade nous a pris un certain temps, car ici, on discute avec tout le monde. Chaque rencontre est une occasion d’échanger, et le temps semble ralentir agréablement.


il y a de nombreux Maraes


Dès le début de notre marche, nous nous sommes arrêtés dans un snack pour goûter une glace maison au taro. Bien que le snack soit officiellement fermé, les propriétaires ont gentiment accepté de nous vendre une glace. Ce n’est pas dans mes habitudes de manger une glace à 9 heures du matin, mais ici, on ne fait pas les difficiles : ces petites douceurs sont rares ! Et elle était délicieuse.






Le long du chemin, les manguiers croulaient littéralement sous les fruits. Avec la tempête des derniers jours, de nombreuses mangues jonchaient le sol, un spectacle presque irréel. Nous avons aussi croisé plusieurs fontaines alimentées par des sources naturelles où les habitants venaient remplir des bidons. Ces points d’eau ajoutent au charme de l’île, offrant un aperçu de la simplicité et de l’autonomie des Maupitiens.




les fausses passes
Un artiste à créé ce palais du coquillage. Malheureusement nous n'avons pas pu le visiter car c'était fermé


À midi, nous avons déjeuné dans une petite paillote au bord de l’eau, savourant une cuisine locale simple mais délicieuse. Nous sommes rentrés juste avant que la pluie ne reprenne. Et quelle pluie ! Elle a duré toute l’après-midi, nous offrant une excuse parfaite pour nous reposer à bord.


Cette vie insulaire comporte aussi ses imprévus. Par exemple, l’île connaît actuellement une rupture de pain car le boulanger n’a plus de farine. Il n'y a plus de boeuf non plu ni dans les magasins ni dans les restaurants. Heureusement, le bateau qui approvisionne Maupiti une fois par mois est arrivé lundi, un événement que nous ne voulions pas manquer. Nous avons assisté au débarquement, qui se fait dans une joyeuse effervescence. Tout le monde était sur le quai pour récupérer ses commandes. Les chariots élévateurs manœuvraient au milieu des habitants, des voitures et des curieux, dans un joyeux chaos qui semblait un peu dangereux à mes yeux, mais personne ne semblait s’en inquiéter.






Maupiti a ce charme unique : une vie simple, rythmée par la nature, les rencontres, et les petites joies du quotidien.