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26 avril 2025

Hiva oa dernière escale et fin du voyage

 

Nous voici arrivés à Hiva Oa, trois jours avant mon vol. Christophe, un peu stressé à l’idée d’avoir à respecter une date fixe depuis les Tuamotu, a poussé un soupir de soulagement. Et avec les soucis qu’on a accumulés, ce n’était pas gagné d’avance !

Nous avons trouvé une petite place au mouillage, dans un vrai trou de souris, parmi une forêt de mâts. Le cargo mixte Aranui était attendu le lendemain, et de nombreux voiliers patientaient pour ses précieuses cargaisons de produits frais.

Ce mouillage qui est normalement calme est actuelement bien agité car la houle de sud rentre. Lors de tous nos mouillages aux Marquises ces dernieres semaines nous avons bien été secoués. Ca va vraiment me faire drôle d'être sur la terre ferme. Je vais surment avoir le mal de terre !


Christophe espérait profiter de notre passage à terre pour faire réparer la poignée de gaz et d’embrayage. Hélas, le chantier n’avait pas la pièce. Résultat : il faudra la ramener de France. D’ici là, il restera tributaire de sa "matelotte embrayage", autrement dit : moi ! Heureusement, un ouvrier l’aidera pour la sortie de l’eau, prévue le 2 mai.

L’Aranui nous sort du lit


À 3h du matin, son arrivée ne s’est pas faite discrètement : corne de brume, agitation fébrile, embarcations qui virevoltent pour faire dégager les voiliers mouillés sur le passage. Le bateau de la gendarmerie était passé la veille mais ne les avait par viré ...  Nous étions juste à la limite autorisée… mais nous avons vu la poupe de l’Aranui de très très près ! Christophe avait allumé le moteur, et m'avait demandé de rester près du moteur prête à actionner la manette pour reculer ; à 3 mètres de nous, un marin nous a fait signe de reculer. Frisson garanti.






Les autres voiliers qu'on avait fait dégager erraient sans trouver de place, et nous avons dû repousser un bateau qui menaçait de nous heurter. Une nuit mouvementée, suivie du vacarme du déchargement dès que l’Aranui a été à quai.

Nous n'avons pas été saluer Brel et Gauguin dans leur cimetiere et nous n'avons pas fait de tourisme comme nous l'avions fait l'année dernière et je n'ai que trois jours sur place.

J’ai plutôt aidé Christophe à dégréer le bateau, ce qui est bien plus facile à deux, notamment pour plier les voiles.

Nous avons revu nos amis Cathy et Willy, avec qui nous avons partagé un déjeuner en ville et un dernier apéro entourés d’autres voileux et d’une Thaïlandaise sympa, avant leur départ vers les Tuamotu.


Et puis, enfin, les poubelles ! On a pu s’en débarrasser après près d’un mois d’accumulation, depuis les Tuamotu. À Fatu Hiva et Tahuata, il est interdit de déposer ses déchets car ils n'ont rien de prévu pour les traiter. Heureusement, tout ce qui est organique part à la mer, bien sûr en pleine mer ou de nuit.


Fin de séjour en demi-teinte

J’aurais bien aimé clôturer ce séjour avec un spectacle de danse marquisienne au Hanakee Lodge, mais pas de chance : aucun cette semaine. On s’est contentés d’un bon repas au restaurant, ce qui n’est déjà pas si mal !


Pas de grandes balades cette fois non plus, il faut dire qu’on est fatigués par ces six mois de navigation, ces nuits parfois agitées, avec ce bruit incessant du vent ou de la pluie.


Je suis heureuse de retrouver bientôt le confort de mon appart. J’avoue, je sature un peu. Les mauvaises odeurs dans le bateau (les toilettes qui fuient, les mystères de la pompe à eau de mer – un poisson dans les joints ?) et… le Captain qui s’est remis à fumer ! Pas top.


Mais que d’émotions...


Malgré tout, je repars le cœur rempli de moments magnifiques : la découverte des îles Sous-le-Vent, de Moorea, de nouveaux atolls aux Tuamotu, et des instants magiques même dans les lieux déjà visités. Les manta rays à Fatu Hiva, les dauphins à Hapatoni…


Merci Christophe, et merci Sercul, pour ces six mois d’aventures comme je les aime.

J’en garde des souvenirs inoubliables !


24 avril 2025

Tahuata , la plus petite île habitée de l’archipel

 


Après dix jours passés à Fatu Hiva, nous levons l’ancre pour une navigation de 9 heures au portant vers Tahuata. Une traversée sans encombre, mais pas sans soleil… Le bimini déchiré pendant la tempête ne me laisse plus qu’une bande de 30 cm d’ombre. Autant dire que je c'est compliqué de me protéger des rayons du soleil.


Tout est physique sur Sercul !!



les roches volcaniques au sud de Tahuata

Hapatoni, notre village préféré

Nous faisons notre première escale à Hapatoni, notre village coup de cœur des Marquises. Le mouillage se fait dans la baie d’Hanatefau, au pied d’un à-pic vertigineux tapissé de végétation dense. C’est beau à couper le souffle. Nous rejoignons le village qui est à un KM en annexe.



À peine arrivés dans le village, les habitants nous reconnaissent et viennent discuter. On n’a même pas le temps d'aller se balader ! Le temps est encore gris et humide, malgré la période : normalement, ce n’est pas la saison des pluies ici…



la voie royale

La pétanque a remplacé le bingo qui est illégale car ils jouent pour de l'argent



Cyril, le plus beau tatoué des Marquises !

l'artisanat 

il sculte une corne dans laquelle on souffle comme dans les coquillages


Nager avec les dauphins… et dormir avec les fuites


Mais le lendemain matin, une belle surprise nous attend : une cinquantaine de dauphins sillonne la baie. Je me jette à l’eau pour ma natation matinale, et je me retrouve entourée de souffles, de silhouettes furtives et de jeux acrobatiques. L’émotion est intense. J’ai rarement vécu un moment aussi puissant.


Après le petit-déj, j’y retourne avec ma GoPro, bien décidée à filmer. L’eau est trouble, sombre, et je ne vois rien à plus de 5 mètres, même avec des dauphins juste à côté. Mais les sauts et cabrioles à la surface valent toutes les images sous-marines. Je passe des heures dans l’eau, complètement émerveillée.



Hélas, le lendemain, ils ne sont plus là. La pluie de la nuit a rendu l’eau marron, sans doute les a-t-elle chassés. Et quelle pluie ! Des orages violents, des trombes d’eau, et bien sûr… des infiltrations partout dans notre cabine avant.

J’ai passé une bonne partie de la nuit à lire dans le carré, espérant que ça passe. Puis, trop fatiguée, j’ai tenté de dormir mais impossible lorsque des gouttes d'eau vous tombent dessus. Je suis en mode contorsionniste pour éviter leurs trajectoires !Je fini même allongée à l’envers, tête au pied, serviettes trempées tout autour! Christophe, lui, dormait sous sa grande serviette, stoïque. Mais avec tout fermé, la chaleur était suffocante… Les joies de la plaisance sur un vieux voilier.


Retour à la “civilisation” à Vaitahu

Le lendemain, nous levons l’ancre direction Vaitahu, la “capitale” de Tahuata, située deux baies plus loin. Ici, la 4G fonctionne, et il y a un petit magasin : autant dire le grand luxe !

Nous déjeunons chez Jimy, qui propose quelque chose qui se rapproche d’un restaurant, chose rare sur les îles. Le ciel est toujours uniformément gris, et je profite d'internet pour mettre à jour mon blog.

l'église est magnifique




Les plages de Tahuata: c'est plutôt rare aux Marquises

Nous avons poursuivi notre séjour à Tahuata avec quelques jours dans la baie d’Anamoena, connue pour ses longues plages de sable blanc. Le débarquement n’est pas toujours simple à cause des rouleaux : Christophe préfère me déposer à terre et revenir me chercher ensuite, plus prudent !





Snorkeling intéressant : Manta, tortues et dauphins !

Tahuata est l'ile des Marquises où il y a le plus de corail mais c'est tristounet par rapport aux Tuamotu. J'étais cependant surprise de retrouver les mêmes poissons mais dans un cadre beaucoup moins joli et surtout une eau trouble comme souvent aux Marquises.
J’ai passé des heures dans l’eau à explorer les fonds en snorkeling. Le deuxième jour, jackpot : une raie Manta, quatre tortues et même des dauphins dans une seule session ! Que demander de plus ? Bon, comme souvent aux Marquises, l’eau est pleine de petites créatures gélatineuses qui piquent plus ou moins…  J’enfile haut à manches longues et pantalon lycra, mais mes mains et mon visage restent exposés. Tant pis : les tortues et les Mantas en valent la peine et elles se régalent !



Contrairement à d'autres baies marquisiennes, pas de vents catabatiques ici. Cela dit, une nuit, le vent a bien soufflé, autour de 30-35 nœuds. J’ai passé une partie de la nuit dehors à veiller pendant que le capitaine dormait paisiblement, après avoir vérifié que l’ancre tenait bon.

Week-end de Pâques à Hapatoni

Après cette parenthèse plage, direction Hapatoni où nous avions convenu de retrouver nos amis Cathy et Willy pour le week-end de Pâques. En chemin, une courte escale à Vaitahu nous permet de faire un ravitaillement… et de profiter d’un spectacle de dauphins dans la baie !



À Hapatoni, les retrouvailles sont joyeuses et les repas partagés nombreux. Le dimanche de Pâques, nous avons été invités chez Tehina avec un autre couple de voileux amis. Après une messe très chaleureuse dans la salle paroissiale (l’église étant en travaux), nous avons partagé un repas délicieux et animé par quatre chanteurs marquisiens. Quatre heures de chants traditionnels envoûtants qui ont fait de ce déjeuner une journée inoubliable !





Tehina






Nager avec les dauphins, encore et encorec'est que du bonheur !

Cette baie est réputée pour sa troupe de dauphins résidents. L’année dernière, le vent m’avait empêchée de vraiment en profiter. Cette année, je me suis rattrapée avec passion ! Je passais des heures dans l’eau, nageant à leur rencontre, les écoutant souffler autour de moi. La premiere fois que j'ai nager timidement vers eux et que je me suis trouvée encerclée,  entendant leurs souffles tout près de moi j’ai été submergée par l’émotion.

Les premiers jours, le temps était couvert et la visibilité sous l’eau très faible. Je pouvais être à 4-5 mètres d’eux sans les voir sous l'eau. Frustrant ! 


Mais le soleil a fini par pointer le bout de ses rayons, et là… c’était magique. Voir les dauphins nager en pleine lumière, sous l’eau, c’est le genre de moment que je n’oublierai jamais. Même les piqûres de plancton ou méduses ne me faisaient pas fuir !


Je suis contente de partager cela avec vous dans cette video et je vous laisse imaginer le bonheur que j'ai resenti ! Heureusement le jour ou il fallait quitter Hapatoni pour se diriger vers mon avion de retour, les dauphins n'étaient pas là ce qui a rendu mon départ plus facile. 

Dernière escale : solitude et baignade 

Avant de quitter Tahuata nous faisons une dernière escale à Hanamenino, à l’entrée du canal du Bordelais en route pour Hiva Oa. Nous sommes seuls au mouillage : un luxe rare ces temps ci. Je retrouve le plaisir simple et délicieux de me baigner nue dans une mer tranquille.

Nous allons faire un tour à terre, mais les quelques cabanes sont vide. Ils doivent venir que pour faire le coprah ou pour les vacances.
 Le calme est total, presque irréel après l’agitation des derniers jours. La nuit aucune lumière venant de la terre, nous étions submergés par un magnifique ciel étoilé.















13 avril 2025

Fatu Hiva , Hanavave : entre jungle, rencontres… et rafales de 60 nœuds !

 


Dès que la pluie s’est calmée, nous avons enfin pu faire la randonnée jusqu’à la cascade d’Hanavave. Une petite marche d’une heure dans une végétation dense et luxuriante, récompensée par un bain frais et revigorant au pied de la chute d’eau.












Chaque sortie dans le village se solde par de belles rencontres et bien souvent, des cadeaux de fruits : pamplemousses, papayes, bananes… L’hospitalité marquisienne dans toute sa générosité.

Nous avons organisé un repas chez Jacques et Désirée, nos amis rencontrés l’an dernier. Un couple de Français venant des Galapagos avec leur magnifique voilier Amel s’est joint à nous, et nous avons tout de suite accroché. Le lendemain, nous sommes retournés chez eux pour assister à une démonstration de fabrication de tapa par Désirée, pendant que Jacques et son fils nous montraient leurs sculptures en bois.

Le tapa est fabriqué à partir d'une tranche d'écorse d'arbre; C'est la spécialité de l'île de Fatu Hiva.  Pour ceux que ça interesse, voici les expliquations de Désirée 



Nous avons eu la chance de voir des raies Manta tourner dans la baie. J'ai remis en service avec plaisir ma GoPro. Comme vous pouvez le constater, l'eau n'est pas aussi claire que dans les Tuamotu !



Par temps clair, nous avons entrepris la montée jusqu’à l’antenne qui surplombe la baie des Vierges. Un effort intense : 9 km pour 600 m de dénivelé. Mais quelle récompense en haut ! Vue spectaculaire sur la baie et les montagnes qui l’encerclent.


le village d'Hanavave et son petit port






Journée mémorable à Omoa

Nous avons ensuite décidé de passer la journée dans le deuxième village de Fatu Hiva, Omoa. Le mouillage étant trop exposé, nous avons embarqué avec Jacques sur son petit bateau à moteur. Karine et Philippe étaient de la partie aussi.


La traversée a démarré sous une petite pluie… qui s’est transformée en véritable tempête tropicale ! Trempés jusqu’aux os, nous avons bravé des trombes d’eau pour rejoindre le village.

Premier arrêt au magasin, seul endroit où on peut payer par carte sur l’île. Nos amis fraîchement arrivés n’avaient pas de monnaie locale, et le magasin a accepté de leur faire du cash en carte, moyennant commission. On a enchaîné avec une balade vers les pétroglyphes de la baleine.




promenade en ciré dans la gadoue


la rivière était chocolat !!

Plus loin dans la vallée vers un captage d’eau servant à produire de l’électricité. Mais entre les bourrasques qui couchaient les bananiers et une noix de coco tombée à un mètre de nous, on a préféré faire demi-tour !


Pour le déjeuner, par chance, le seul snack du village était ouvert… mais il ne leur restait ni viande, ni poisson; on a du se contenterd'une assiette de frites !! 


Jacques, originaire d’Omoa, nous a ensuite présenté des amis et la famille, nous faisant découvrir les tapa faits par la femme de son frère. Il a même réussi à nous dégoter quelques mangues alors que ce n’est plus la saison !

fabrication de colliers de fleurs





Sur le retour vers Hanavave, le temps s’était levé et la navigation était magnifique. Les falaises, les petits fjords, les couleurs changeantes… grandiose ! Jacques nous a même amenés dans une faille dans la falaise, impressionnante à souhait.




Mais à notre retour dans la baie… mauvaise surprise.

Une grosse tempête tropicale avait frappé la baie en notre absence. Des rafales jusqu’à 50 nœuds dans la baie (plus de 90 km/h), et 60 nœuds en mer (plus de 110 !) ont sévit pendant 3 heures. Cette baie est réputée pour ses vent catabatiques mais là c'était costaud ! 😱

L'anexe de nos amis s'est retournée et personne n'a pu venir la remettre à l'endroit  avant peut être une heure à cause de la tempête. Chez nous, le bimini et la capote ont été déchirés et un bateau nous a percuté ayant perdu le controle de son bateau ! 

Heureusement, Sercul est solide : la coque n’a rien, mais le balcon avant est tordu.

Des voisins nous ont envoyé cette

 vidéo, d'autres ont pris les coordonnées du voilier



Malgré nos 70 mètres de chaîne, nous avons dérapé de 60 mètres ! Notre ancre a fini par raccrocher, sinon nous partions à la dérive en pleine mer… Tous les bateaux dérapaient et lutaient pour leur propre survie et personne n'aurait pu intervenir !! Il y a eu des dégats mais aucun bateau au sec.

Nous avions mouillé par 20 mètres de fond, et étions rendus à 36 ! Inimaginable de devoir plonger à cette profondeur pour décoincer quoi que ce soit.

Nous avons voulu remouiller et comme un souci n’arrive jamais seul, impossible d’embrayer.  La manette restait coincée, malgré tous les lubrifiants qui d'habitude résolvaient le problème. Christophe a dû déconnecter le câble d’embrayage au niveau du moteur et… me voilà promue “matelotte embrayage” !

Mon nouveau rôle : actionner manuellement l’embrayage au moteur, et remonter actioner la manette des gaz pendant que Christophe est à l'avant pour mouiller ou remonter l'ancre. Une vraie chorégraphie pour les manœuvres, qu’il va falloir répéter jusqu’au chantier dans 10 jours, faute de mécano disponible sur place.

Beaucoup de voiliers sont partis le jour meme ou le lendemain. Nous étions 19 bateaux et nous ne sommes plus que cinq !

Nous quitons Fatu Hiva demain après 10 jours à Hanavave. J'aime beaucoup cette île pour ces habitants son acceuil et la beauté du site. Nous n'avons pas été gâté par le temps mais nous avons quand meme eu quelques beau coucher de soleil