Vendredi matin, 7 h, nous levons l’ancre direction Makatea, notre première escale aux Tuamotu. Le départ est sportif : en l’espace d’une heure, Christophe prend un ris, l’enlève, puis le remet tout ca à cause d'un grain ! Le vent souffle à une dizaine de nœuds, et nous naviguons au près serré. Mais Sercul n’aime pas cette allure. Il peine à remonter contre le vent, et les forts courants contraires n’arrangent rien. À midi, devant notre vitesse d’escargot, le capitaine décide de faire escale à Tetiaroa. À ce rythme-là, nous arriverions à Makatea en pleine nuit... du deuxième jour.
![]() |
une vue d'avion de Tétiaora |
Tetiaroa, cet atoll perdu dans l’océan, a une histoire singulière. cet atoll propriété de Marlon Brando (et maintenant de ses héritiers), abrite aujourd’hui un hôtel ultra-luxueux réservé à quelques privilégiés. Nous avons mouillé sur les rares bouées installées pour les charters venant de Tahiti. L’atoll n’ayant pas de passe pour entrer dans le lagon, nous nous trouvons directement dans l’océan, d’où la nécessité de ces bouées.
À peine installés, nous recevons un comité d’accueil : deux requins pointes noires tournent autour du bateau, curieux mais inoffensifs. J'avais envie d’aller à terre, mais la barrière de corail rend le débarquement compliqué. Tant pis, nous nous contentons d’un snorkeling sur le tombant, où la vie sous-marine est foisonnante.
Reprise de la traversée
Le lendemain, départ à l’aube. Je réalise enfin pourquoi Christophe n’aime pas naviguer au près. C’est une allure sportive, certes, mais sur la durée, elle devient épuisante. Il faut constamment surveiller la voile pour rester au plus près du vent sans virer de bord, ce qui, la nuit, se fait à la lumière tremblotante de la frontale. Le pilote automatique, fait de son mieux mais il nous gratifie de quelques manques à virer, nous obligeant à réagir au quart de tour pour éviter le pire.
Notre objectif : remonter au maximum au vent pour limiter les bords et arriver avant la nuit. Une autre inconnue plane sur notre navigation : y aura-t-il une bouée libre à Makatea ? Il n’y en a que trois et, comme à Tetiaroa, il est impossible de mouiller l’ancre ici. Si elles sont toutes prises, il nous faudra enchaîner directement sur une autre nuit de navigation vers l’atoll suivant.
La mer est agitée, et même Christophe, pourtant habitué aux nuits mouvementées, peine à trouver le sommeil tant le bateau est secoué. De mon côté, je fais mon quart de couche ( ma nuit) dehors... jusqu’à ce qu’un grain me réveille brutalement, me forçant à chercher un abri.
En route directe, Tetiaroa-Makatea représente 106 miles. Mais avec le vent contre et les bords à tirer, nous avons parcouru 134 miles en 31 heures.
Heureusement, à notre arrivée vers 14 h, non seulement il reste une bouée, mais nous sommes les seuls sur place. Nous decouvrons cette île entourée de falaises ce qui est exceptionnel au Tuamotu.
Une prise... inattendue !
Miracle : nous avons enfin pêché quelque chose ! Depuis le début de notre périple, nous mettons la ligne de traîne à l’eau, mais sans succes !
Tout commence par une bande de frégates qui tournent autour de notre leurre, tentant de le capturer en plein vol. Elles soulèvent la ligne dans les airs, se disputant le précieux butin. Mais c’est finalement un fou de Bassan qui se laisse berner. En plongeant, il s’emmêle une aile dans le fil de pêche.
Christophe remonte la ligne. Je saisis l’oiseau avec précaution, craignant qu’il ne se débatte trop. Avec patience, je libère son aile... Il me fixe un instant, reprend son envol, mais pas sans m'avoir remercié d’un bon coup de bec sur le bras. 😬
Cela fait longtemps que je n’ai pas soigné d'animaux. Je commence à perdre la main… ou alors, la nature trouve toujours un moyen de me rappeler à elle.
Magnifique encore une fois merci Isa 😘
RépondreSupprimer