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29 mars 2025

Makemo, notre dernière escale aux Tuamotu

 

Nous avons largué les amarres à 5 h 30 pour une journée de navigation au pré, car nous avons pile le vent dans le nez pour rejoindre Makemo. Malgré cela, la traversée s’est révélée agréable : pas un grain à l’horizon et une mer relativement clémente.

Cependant, comme souvent en navigation au près, nous avons dû tirer des bords, ce qui nous a fait parcourir 52 miles… pour une distance directe de 30 miles seulement !

Un mouillage risqué près de la passe

Notre objectif initial était de mouiller près de la passe de Makemo, réputée pour offrir de magnifiques plongées dérivantes en snorkeling. Christophe avait minutieusement étudié la carte, et une seule petite baie semblait adaptée pour jeter l’ancre.

Mais une fois sur place, c’était beaucoup trop risqué : il y avait des patates de corail partout et certaines affleuraient juste sous la surface.

Christophe a déjà perdu une ancre ici par le passé et garde un mauvais souvenir de cette expérience et surtout de la suite 🤪. Pas question de prendre de risques inutiles !

Nous décidons donc de continuer notre route à l’intérieur du lagon pendant deux heures supplémentaires avant d’atteindre un spot appelé Punaruku, après 11 heures de navigation en tout.


Punaruku : Un petit coin de paradis

Nous sommes seuls au mouillage, dans un cadre idyllique : plage de sable blanc, un grand récif offrant un bon abri contre les vagues et un snorkeling dans une eau cristalline.

À terre, nous faisons la rencontre d'Abel, un local venu seul pendant un mois faire son coprah. Il nous accueille chaleureusement, nous offre de l’eau de coco et nous passons un bon moment à discuter avec lui.




Au Tuamotu, ils font souvent des murs avec les noix de coco ouvertes afin qu'elles sèchent avant d'enlever la chaire qui sert pour le coprah


Lors d’une promenade sur le motu, nous découvrons les vestiges d’un ancien village, avec quelques ruines et un petit cimetière oublié.




Deux jours de chaleur écrasante

Nous avons eu deux jours sans un souffle de vent.

Avec 30 degrés à l’ombre, nous avons bien ressenti la chaleur ! Heureusement, le reste du temps, une petite brise nous rafraîchit toujours un peu.





Changement de programme grâce aux voisins

Alors que nous nous apprêtions à lever l’ancre pour rejoindre le village, un autre voilier arrive. En discutant, ils nous annoncent que le vent va tourner au sud-est, rendant le mouillage du village inconfortable. Sans météo, Christophe n'était pas au courant !

Ils nous proposent de partager leur connexion Starlink, et l’apéro s’improvise naturellement !

Finalement, nous repoussons notre départ pour le village et profitons de cette nouvelle rencontre… Parce qu’après tout, les meilleurs plans sont souvent ceux qui changent en cours de route !

Escale au village de Makemo : Entre averses, rencontres et logistique

Après trois jours de détente et trois apéros en bonne compagnie avec Aurélie et Ludovic, nous décidons qu'il est temps de rejoindre le village. Objectif : récupérer la 4G, mettre le blog à jour et donner des nouvelles à nos proches.

Le temps est capricieux ces derniers jours, et nous appareillons sous un orage qui semble stagner sur place. On espère une accalmie… mais elle ne viendra pas.

Nous avons quatre heures de navigation à l’intérieur du lagon, en restant extrêmement vigilants car les patates de corail sont nombreuses et parfois non répertoriées. Sans soleil, elles sont bien plus difficiles à repérer.

Heureusement, Christophe avait préalablement étudié des cartes satellites pour anticiper leur position. Nous arrivons sans encombre au village, où deux autres monocoques sont déjà au mouillage.

Le lagon de Makemo s’étend sur 69 km de long, ce qui en fait l’un des plus grands des Tuamotu.

Il n'y a qu'un village qui regroupe environ 800 habitants et possède un collège, ce qui signifie que les magasins sont mieux achalandés que dans nos escales précédentes.

Nous en profitons pour refaire le plein de vivres et de carburant avant notre départ pour les Marquises.


Un village accueillant et une organisation bien rodée

Comme toujours, nous passons par la mairie pour régler la taxe des ordures… 2 € par mois seulement !

L’eau potable est plus compliquée à obtenir : il faut se rendre à 2 km pour en récupérer nous achetons donc des bidons au magasin.

Il n’y a pas de station-service, mais le magasin principal vend du carburant et nous reconduit gentiment au quai avec nos courses.










Il a récupéré cette tortue alors qu'elle était toute petite et il s'en occupe la nourrisant avec des bénitiers jusqu'à ce qu'elle ai atteind une taille raisonnable pour se défendre contre les prédateurs. 







retour de la pêche ! ils vont échanger leurs poissons contre du poulet congelé avec l'équipage du prochain cargo.


Une réunion de formation au tissage avait lieu avec les femmes des atolls voisins. voilà leurs oeuvres qui attendaient l'évaluation de fin de stage





Une vue imprenable depuis l’église

Lors de notre promenade dans le village, nous repérons le clocher de l’église.

L’idée d’avoir une vue panoramique sur le lagon et les toits du village est trop tentante.

Bien que le bâtiment semble un peu vétuste, nous décidons de grimper en haut du clocher.

Probablement interdit, mais quelle récompense visuelle !



la passe


le quai avec un cargo



Après cette escale pleine de rencontres et de logistique, nous attendons une fenêtre météo pour la grande traversée vers les Marquises. La traversée peut prendre entre 4 à 7 jours.

Départ prévu samedi matin.




19 mars 2025

Katiu, une escale à la rencontre de la populatrion


Katiu est un petit atoll isolé, avec seulement une petite centaine d’habitants et un unique village. Deux passes permettent d’y accéder, mais une seule est franchissable pour les grands bateaux comme le nôtre. Et encore, nous pouvons atteindre le quai, mais pas entrer dans le lagon. Le chenal est trop étroit et peu profond, et nous avons en tête l’accident d’un voilier ami de ma soeur qui s’était échoué ici l’an dernier.

Nous décidons donc de rester à quai. Bonne nouvelle : la goélette ne vient qu’une fois par mois, donc nous ne gênons personne.





L'entrée dans le lagon

Une escale au cœur du village

Être amarrés au quai nous plonge au cœur de la vie locale. Les habitants viennent ici observer la marée, pêcher, discuter… Je peux quand même faire ma natation matinale et nous faisons du snorkeling, tout en faisant attention aux courants.

En ce moment, la houle du sud remplit le lagon par le hoas et il n'y a pas de courants rentrants.   Christophe étudie scrupuleusement les horaires de marée, mais ici, les courants sont imprévisibles.

L’ambiance du village est chaleureuse et accueillante. Peu de voiliers s’arrêtent ici, donc notre présence intrigue.

Nous faisons un tour au seul magasin du village. La propriétaire et sa fille tiennent aussi un petit snack ouvert le vendredi et samedi soir… mais en ce moment, elles font carême, donc pas d’ouverture le vendredi ! Le menu ? Steak-frites… et c’est tout ! C’est d’ailleurs le seul moyen pour les habitants de manger du bœuf, car il n’y en a pas à la vente. Christophe était content. A bord, on a enfin pu manger du poulet mais uniquement parce qu'il était impossible d'acheter du boeuf ( chic 😁)

Nous partageons notre table avec des locaux, dont le directeur de l’école de l'île d'à côté, et apprenons plein de choses sur Katiu et les coutumes des Tuamotu.

L'entrée de la passe

Des chiens pêchent sur le platier



Un quotidien simple, entre traditions et défis modernes

Le village de Katiu est modeste :il y a qu'une seule église, une école primaire avec deux classes, un dispensaire, tenu par une seule auxiliaire de santé.

Cette femme doit gérer toutes les urgences seule, avec parfois l’aide de téléconsultations avec Tahiti… quand la connexion fonctionne. Nous discutons longtemps avec elle et découvrons les difficultés d’accès aux soins sur une île aussi isolée.

Actuellement, une sage-femme est présente pour une semaine. Elle réalise des frottis et peut prescrire des mammographies à Tahiti si besoin. Un dentiste est aussi attendu bientôt.

Un drame a secoué le village juste avant notre arrivée :
Un homme d’une cinquantaine d’années a fait un malaise sur un motu éloigné. Il a fallu tellement de temps pour le ramener au dispensaire que les massages cardiaques ont été vains. Ici, pas de défibrillateur, et bien que la piste d’atterrissage permette des évacuations sanitaires, faire atterrir un avion de nuit est extrêmement rare.
Toutes les femmes du village doivent se rendre à Tahiti pour accoucher – une réalité commune à toutes les petites îles de Polynésie.




Le toit des maisons exposées est attaché pour résister aux cyclones



Problèmes de connexion et solidarité locale

Mon téléphone refuse de capter le réseau Vini. Pas de 4G ici, mais Christophe parvient au moins à obtenir du Edge pour WhatsApp. Lors de notre dîner au snack, un jeune tente de résoudre mon problème, sans succès…

Finalement, la patronne du snack lui dit de nous donner son code Starlink. Depuis, chaque soir, nous allons nous asseoir sur la plage près de sa maison pour capter internet.

Générosité des habitants et soirées improvisées

Les habitants de Katiu sont d’une générosité incroyable. Après notre discussion avec l’auxiliaire de santé, nous repartons avec du poisson frais. D’autres villageois, nous croisant dans la rue, nous proposent eux aussi du poisson !

Nous sommes invités à boire de l’eau de coco tout en discutant de la vie insulaire. Un jeune homme nous explique qu’il est bagagiste pour Air Tahiti. Un job plutôt cool : il n’y a qu’un vol par semaine (et deux pendant les vacances scolaires). Le reste du temps, il fait du copra et pêche, revendant ses prises à Makemo, l’atoll voisin. Apparemment, les Nason (poissons au "nez de Pinocchio") sont excellents ici !


Le soir, une fête d’anniversaire anime le village. En revenant de notre session internet sur la plage, on passe devant la fête, et on nous fait signe de nous joindre à eux.


La musique s’arrête, et place à un "jam" improvisé : Ukulélés, bidons en guise de percussions, et deux cuillères pour le rythme !

L’alcool aidant, certains chantent plus fort que juste, mais l’ambiance est géniale !






Nos compagnons à quatre pattes

Deux chiens vivent sur le quai. Leurs propriétaires sont partis pour un mois à Tahiti pour des soins, laissant deux autres chiens attachés qui hurlent à la mort chaque matin… Ça me brise le cœur.

Alors, on s’attache aux deux autres, qui passent par-dessus la barrière pour venir nous voir. Petits câlins et gâteries sont au rendez-vous !

Préparation du coprah en famille




Cette habitante nettoie ses poissons ce qui attire les frégates. Les frégates sont d'excellentes voleuses, capables de planer des heures sans se poser. Elles peuvent parcourir de longues distances en exploitant les courants d'air.

Contrairement à d’autres oiseaux marins, elles ont un plumage peu imperméable, ce qui les empêche de plonger dans l'eau. Elles doivent donc capturer des poissons en surface ou harceler d'autres oiseaux (comme les fous et les sternes) pour leur voler leur nourriture. C'est pour cela qu'elles sont parfois appelées " les pirates des mer".